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Au delà de la surface

Au rythme d’une peinture tout en nuance, peu à peu, la composition s’allège, se dépouille tandis que l’empilement des couches laisse apercevoir, à la manière d’un palimpseste, les différents passages. À l’origine, un palimpseste est un parchemin dont on a gratté la première inscription pour en tracer une autre, qui ne la cache pas tout à fait, de sorte que l’on peut lire, par transparence, l’ancien sous le nouveau. Il s’agit de donner de l’importance aussi bien à la première écriture qu’au nouveau texte qui a été écrit. Ainsi, chaque trait semble produire la correction du précédent. Les traces de surface donnent ainsi tout leur sens au fond. Dans une perpétuelle tension entre apparition et disparition, surface et profondeur, ligne et masse, les actes produisent des espaces. Le trait court, il suit son propre chemin, il se déploie et se refait pour cerner et finalement créer des motifs. Ces formes sont le résultat de gestes dans l’espace exécutés dans un flottement qui tend à délimiter, tracer et remplir à la fois.
Claire Colin-Collin présente au Centquatre plusieurs peintures acryliques sur toile montée sur châssis de petits formats, réparties de part et d’autre d’une toile de plus grande dimension. L’ensemble forme une composition homogène caractéristique du travail de l’artiste. Elle porte une grande attention aux accords de couleurs, aux coïncidences entre les motifs, et à la composition en général. Après avoir longtemps travaillé sur papier, l’artiste expérimente la toile. Ce nouveau support, son épaisseur, force l’artiste à envisager l’œuvre dans l’espace et non plus comme une simple "peau" du mur. Il s’agit ici de la poursuite de son cheminement de peintre.

Texte d’Elsa Delage, écrit pour l'exposition annuelle de Jeune Création du 9 au 17 novembre 2013 au Centquatre, Paris